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Les bateaux-dragons rassemblent à nouveau la foule à L’Abbaye

Joël Reymond, pour Feuille d’Avis de la Vallée de Joux
6 septembre 2018

C’est le plus gros événement caritatif en faveur du cancer en Suisse et l’un des événements à drainer des milliers de personnes à La Vallée chaque année et pourtant, le Dragonboat Festival ou course de bateaux-dragons reste peu connu, sinon boudé des Combiers (hormis les hôteliers et les autorités) et pour cause, il reste très lié à la «cinquième Suisse», autrement dit les expatriés. L’événement est toutefois bilingue! Mais c’est vrai qu’il est rare, quasiment unique dans l’année, de traverser le jardin public de L’Abbaye, au bord du lac et de n’entendre que la langue de Shakespeare.

BELLE BASTRINGUE
Dans la belle tradition anglo-saxonne, l’ambiance est laid back, détendue, consensuelle et respectueuse. Attention, toutefois, la compétition est prise très au sérieux et du rivage, les curieux et familles donnent de la voix avec passion. La compétition combière, qui joint l’utile à l’agréable, à savoir une collecte de fonds et une sortie lacustre pour les expatriés de Lausanne à Genève y compris le Genevois français, rassemble une quarantaine d’équipes concourant pour leurs employeurs-sponsors. Parmi eux, l’on peut citer la célébrissime International Institute for Management Development, l’université Webster ou l’Ecole Internationale de la Côte, à Aubonne.

CHIFFRES ÉLOQUENTS
Parti de quasiment rien il y a douze ans, ce festival familial ouvert au public est vraiment devenu une belle bastringue, chaque premier dimanche de septembre. Il a fallu cinq jours pour monter l’infrastructure de tentes, dont on a craint qu’elles ne résisteraient peut-être pas à la bise du samedi. La manifestation emploie cent volontaires et récolte dans les 80’000 francs, d’après la responsable générale Melania Quinn. Le monde anglo-saxon se situe dans d’autres échelles. Et les dons, l’organisateur ESCA (pour English Speaking Cancer Association) les affecte en grande majorité à aider les malades non-francophones à trouver leur chemin et leur rendez-vous au CHUV et aux HUG.

TOUS SUR LE PODIUM
Le club d’Aviron compte parmi les heureux de l’organisation du Dragonboat festival. Celui-ci profite en effet d’organiser la veille (cette année: le samedi 1er septembre) sa compétition interentreprises. «Il est clair que sans l’ESCA et toute l’infrastructure qu’ils mettent sur pied, nous ne serions pas en mesure de proposer cette course. En échange, nous leur mettons les nôtres à disposition, tel notre ponton», déclare son président Ismael Flores, lequel s’empresse d’ajouter la spécificité de «son» club comptant une vingtaine d’actifs: petit en regard d’autres sports davantage pratiqués en la Haute

Combe, mais seul à être officiellement franco-suisse et tirant parti des fédérations respectives de chaque côté de la frontière. «Pour nous, La Vallée commence à la Dent de Vaulion et se termine aux Rousses», indique Ismaël Florès avec le sourire.

Ainsi, pour sa quatrième édition, l’interentreprises d’aviron n’a compté que trois équipes inscrites, toutes du Lieu. C’est mieux que la première édition mais moins bien que l’an dernier, quand huit équipes en décousaient. Après le contre la montre en bateau de huit, puis l’équivalent de quatre kilomètres à l’ergomètre (lequel permet de faire de l’aviron au sec) et finalement à la yolette, bateau à quatre, c’est l’équipe d’Eaton qui gagne cette année. «Toutes les équipes sont ainsi sur le podium», blague encore Ismael Flores, lequel se félicite sur le plan qualitatif et relationnel de cette interentreprises et donne rendez-vous aux équipes intéressées l’an prochain à la même date, soit la veille du Dragonboat.

AUX ORIGINES
Rob Ireland, Britannique résidant à Le Vaud, a depuis longtemps perçu le
potentiel du Lac de Joux pour l’aviron. Il a approché le directeur du Centre sportif de l’époque, Thomas Waser, en lui demandant de pouvoir organiser un camp d’aviron. L’Imperial College de Londres devait envoyer ses étudiants, mais il a été jugé alors que le risque de trouver un lac encore gelé était trop grand et le camp a été annulé. Rob Ireland s’est ensuite engagé à l’ESCA, où il lui a été demandé d’organiser une compétition de bateau-dragon. L’homme est donc retourné chez Thomas Waser, lequel ne connaissait pas cette discipline. En 2006, la compétition a donc eu lieu au Rocheray. Mais la bise soulevait trop de vagues. Dès l’année suivante, la compétition a été déplacée à L’Abbaye, d’où elle n’a plus bougé. Rob Ireland salue le soutien remarquable du Centre sportif, de la municipalité et même des riverains qui lui donnent des coups de mains, en mettant par exemple leur électricité à disposition. La gratuité et le bénévolat sont une des marques de fabrique de tout le travail de l’ESCA. Rob Ireland a remis à l’occasion cette année la responsabilité technique du Dragonboat festival à Michael Gilmour, l’occasion d’une petite cérémonie de reconnaissance pour son bel engagement. A ses côtés, sa femme Jan était elle responsable du programme «enfants».

 


JOËL REYMONDVOIR TOUS LES ARTICLES DE JOËL REYMOND
Enfant de la Vallée, Joël Reymond a toujours eu la manie de la plume (du clavier, de nos jours). Dans les années 90, il était déjà feuilletoniste amateur dans les colonnes de la FAVJ. Vingt ans plus tard, il reprend pour ainsi dire du service, après avoir été longtemps membre de la rédaction d’Alliance Presse, plus important groupe de presse écrite protestante en français, dont il reste chroniqueur. Depuis 2012, il travaille dans l’édition, parallèlement à son activité comme correspondant de la FAVJ. Très attaché à sa région, il se réjouit d’en faire partager les saveurs et les secrets localement et au-delà.
Email : joel@favj.ch